STREAM OF STORIES chapitre 5 - Katia KAMELI avec Clara Chabalier

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© Aurélien Mole

du 29/09/2018 au 01/12/2018

 

STREAM OF STORIES chapitre 5

Katia Kameli avec Clara Chabalier

 

Dans le cadre d' »À Cris Ouverts », 6ème édition des Ateliers de Rennes – biennale d’art contemporain

 

Stream of Stories de Katia Kameli est une exploration du parcours des origines orientales des fables de La Fontaine. Celle-ci, commence en Inde et se poursuit en Iran et au Maroc pour finir en France. La Panchatantra, recueil d’allégories animalières à destination des princes, sera traduit en Perse sous le nom de Kalilah wa Dimnah, puis en arabe pour être largement diffusé en Occident par la suite. La Fontaine a reconnu s’être inspiré de la version Indienne pour écrire ses fameuses fables.

 

Plus loin que la Grèce antique d’Ésope, c’est en Inde que ce flux nous emmène, lieu de naissance du Pañchatantra, au troisième siècle avant notre ère. Ce recueil ancien de fables et de contes dont le nom sanskrit signifie « le Livre d’instruction en cinq parties » foisonne d‘allégories animalières destinées à l’éducation des princes. Les textes se retrouvent plus tard dans une version perse enrichie par l’omniprésence d’une voie narrative. Cette traduction perse serait attribuée à un physicien, Burzoe, du nom de Kalilah wa Dimnah.

 

En 750, les textes réapparaissent en arabe grâce à la traduction  d’ Ibn Al-Muqaffa. Cette version contribue fortement à la diffusion des textes dans le monde occidental. Le cheminement de ces récits révèle un autre réseau d’influences, parallèle à la culture occidentale incarnée par les Fables de La Fontaine.

Cette évolution des textes tend à remettre en cause l’idée d’un universalisme tel que porté par les Lumières. La Fontaine, lui-même reconnaît s’être inspiré des fables indiennes.

 

La question de la traduction est centrale dans Stream of Stories, car c’est à travers elle que le voyage se fait. Chaque transposition incarne une langue, mais surtout une culture différente. La narration varie d’une version à l’autre et reflète les situations sociales et culturelles propres à chaque pays pris dans ce flux. « Stream of Stories » s’immisce dans les interstices du récit pour décortiquer le processus de traduction à l’œuvre entre chacune de ces versions.

 

Pour ce cinquième chapitre produit à Rennes, une nouvelle étape vient s’ajouter avec la voix d’un traducteur breton et l’interprétation de la comédienne Clara Chabalier. Les fables deviennent ainsi des « fablennoù », soulignant la façon dont ces textes continuent à évoluer et à être interprétés au gré des contextes culturels et des langues, même régionales. K. Kameli examine en quoi chaque déplacement et traduction a enrichi les histoires, donnant vie à de nouveaux personnages, narrations et illustrations. Ce projet polyphonique nous est ainsi transmis de manière orale par ceux et celles qui en incarnent la traduction à l’écran mais également grâce à l’iconographie que présentent les livres fac-similés et les masques d’animaux créées par l’artiste.

 

Katia Kameli est artiste et réalisatrice. Sa pratique repose sur une démarche de recherche : le fait historique et culturel alimente les formes plurielles de son imaginaire plastique et poétique. Katia Kameli se considère comme une traductrice. La traduction n’est pas un simple passage entre deux cultures ni un simple acte de transmission, elle fonctionne aussi comme une extension du sens et de la forme. Une réécriture des récits apparaît au sein de son œuvre. Elle met en lumière une histoire, globale, faite de frontières poreuses et d’influences réciproques afin d’ouvrir une voie réflexive et génératrice d’un regard critique sur le monde.

Son travail a trouvé une visibilité et une reconnaissance sur la scène artistique et cinématographique nationale et internationale, et a été montré dans des expositions personnelles : Stream of Stories, chapitre 4, La Vitrine, FRAC IdF, Paris (2018), Ritournelle, St John the Baptist, Newcastle (2017) What Language Do You Speak Stranger, The Mosaic Rooms, London (2016); Taymour Grahne Gallery, New York (2014). Elle a également participé à de nombreuses expositions collectives : Biennale de Dakar ( 2018, Global Players, Biennale für aktuelle fotografie Kunstverein Ludwigshafen, Mannheim (2017); Cher(e)s Ami(e)s, Centre Pompidou, Paris (2016); Made in Algeria, Mucem, Marseille (2016); Entry Prohibited to Foreigners, Havre Magasinet, Boden, Suede (2015); Higher Atlas, Biennale de Marrakech (2012); et La Biennale de Bamako, Mali (2011). Ses oeuvres font parties des collections : Centre Pompidou, Centre National des Arts Plastiques, FRAC Haut de France, FRAC Poi- tou-Charente, FRAC PACA. 

En 2006 et 2011, Katia Kameli a dirigé et produit «Bledi in Progress» et «Trans-Maghreb», des plateformes vidéo basées à Alger pour de jeunes réalisateurs venus d’Algérie, du Maroc et de Tunisie.

 

site de l’artiste : http://katiakameli.com